Ozoir : Les Archives embarrassantes
On m'a prévenu, au début de mes recherches, qu'à Ozoir-La-Ferrière, il est très compliqué d'obtenir des documents. On m'a aussi dit de me méfier... en me racontant des histoires que j'espérais fantasmées, mais l'effet escompté : me mettre en garde, ressemblait presque à des menaces. Voilà comment la paranoïa gagne tout le monde et l'autocensure devient la règle. Mais la règle : c'est l'état de droit.
On m'a dit que la rétention de document était un sport communal, nous, les sinistrés des inondations, l'avions constaté il y a deux ans alors que nous avions demandé le plan des canalisations de la façon la plus formelle, plans qui sont librement accessibles sur internet pour bien des communes (constatez vous même ici)... aujourd'hui nous ne les avons toujours pas eu, alors que nous rappelons notre demande constamment. J'ai d'ailleurs demandé au maire lors de la dernière réunion publique concernant les sinistrés d'Ozoir, la raison pour laquelle il ne nous transmettait pas ces documents. La réponse fut, sans gène, au dépend de nos droits, de la loi, devant un public d'une centaine de victimes, citoyens : "nous n'allons quand même pas tout vous donner". Cette phrase n'a fait sourcillier aucun élu de sa majorité, restés au premier rang, mutiques. Je vous rappelle que le Maire est le premier officier de Police Judiciaire de la ville ! Qu'il doit faire appliquer la loi. Que la loi est de notre côté, les documents publics appartiennent au peuple ! Le maire n'en est que le placard... mais voilà : nous sommes à Ozoir, et le placard s'appelle Jean-François Oneto.
Pour ma part, j'ai décidé de me faire une cure de connaissances sur la ville. Alors quel endroit doit-on visiter pour connaitre sa ville, son histoire ? Les archives municipales !
C'est un bâtiment on ne peut plus laid, perdu au milieu de la zone industrielle, derrière l'ancien Skate Parc, dans lequel travaillent deux dames qui ont toujours été charmantes. J'aime l'Histoire et je trouve leur métier aussi rébarbatif que fascinant, j'ai moi même un plaisir à certaines tâches répétitives, ça vide l'esprit, mais elles, classent des documents qui peuvent être surprenants, drôles... ou embarrassants. Je m'y suis rendu à de nombreuses reprises ces derniers temps, pour y lire TOUS LES OZOIR MAGAZINE (il me manque que le 52... dont, curieusement tous les exemplaires ont été empruntés... c'est le seul qui soit emprunté ne serait-ce qu'une fois d'ailleurs. Ce qui attise ma curiosité. Si vous l'avez... JE LE VEUX !). Les Ozoirs Magazine commencent en 1989, on en est au 113... autant vous dire que j'ai du y aller un paquet de fois.
Une fois que j'ai eu lu tous les Ozoir-Magazine, dont je prenais des photos pour éviter de leur demander de faire des milliers de photocopies, j'ai commencé à lire les COMPTES RENDUS DE CONSEILS MUNICIPAUX... depuis lonnngggtempsss... ça aussi ça prend du temps. Quand je tombais sur un truc "rigolo" je prenais une photo.
Ozoir Magazine 34 (Juin 2000)
Bref rien que de la littérature Publique que j'ai évidemment le droit de lire ! En fait ils sont aussi intéressants sur le fond, que sur la forme. Parce que tous ces documents, leur façon d'être rédigés, a évolué au cours du temps. Il faudrait un article rien que pour ça... rassurez vous : Nous y reviendrons !
Hier j'y suis allé à 9h. On m'a demandé de partir à 9h30 pour cause de "on doit aller à la Mairie signer un papier, on en a pour 30mn", en m'assurant que je pourrais revenir après. Lorsque je suis revenu... il y avait une ambiance étrange. Les dossiers que j'avais sorti, qui, habituellement, restent sur la table de consultation d'un jour sur l'autre en attendant que je revienne, étaient rangés. On m'assura que quelqu'un était venu lire... il lui a fallu de la place. De la place il y en avait... et des personnes venues lire, depuis des semaines : je n'en ai vu AUCUNE. Bref c'était étrange...
Je demandais à consulter l'un des dossier qui était sur la table avant leur rendez-vous en mairie : les conseils municipaux de 94. On me l'emmena.. puis on revint m'expliquer qu'en raison d'un déménagement imminent des Archives Municipales, mes allers-venues à l'improviste allaient poser problème. De plus elles allaient avoir d'avantage de travail sur "un projet"... il faudra donc à l'avenir que je prévienne de ma venue. Que je prenne rendez-vous. Et pour assurer la fluidité, il faudrait aussi que je prévienne à l'avance des dossiers que je souhaitais voir...
C'est bon j'ai compris... ma présence était connue de la hiérarchie... et indésirable.
Puis on revint me voir pour me dire qu'à l'avenir il faudrait que je fasse un courrier en mairie pour demander l'autorisation de prendre une photo d'un document. Vous savez, le genre de demande auxquelles on répond "On ne va pas tout vous donner quand même"... j'ai souri... on m'a répondu résigné "c'est l'administration".
Quelqu'un a t-il connaissance d'une circulaire mentionnant cela ? Ou ces nouvelles règles, qui semblent tout à fait illégales sont-elles uniquement destinées à entraver mes recherches ?
Je ne sais pas si je retournerai aux archives... j'ai déjà tout vu ! Mais j'espère que ces deux femmes n'auront pas d'ennuis à cause de moi. Il semble que des gens aient peur pour leur emploi à Ozoir... la loi, le droit, ça passe après. Ce serait dommage que nous ayons encore des choses à dire. Il y en a déjà bien assez ! Bref je vous connais peu Mesdames, mais merci de m'avoir accueilli avec le sourire jusqu'à hier.
C'est ce qu'on appelle la démocratie à Ozoir.
Je m'interroge quand même, comment peut-on parler de "transparence", "concertation" et se revendiquer Républicain... lorsque l'on traite ses administrés, ses employés, de la sorte. Et cela semble laisser indifférents les gens qui "partagent" le pouvoir ou qui, par leur présence, le cautionnent... parce qu'il ne fait aucun doute que le pouvoir n'est pas partagé.
Commentaires (2)
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